
Depuis quelques années, les carreaux de ciment sont redevenus les rois des intérieurs tendance. Ce succès bien mérité s’explique principalement par l’enthousiasme qu’il a su provoquer dans les médias, chez les professionnels, mais surtout le grand public, conquis par ses motifs tantôt géométriques, tantôt ondoyants. Et c’est ainsi qu’à la faveur de leur notoriété grandissante, ils n’ont eu de cesse de s’imposer au-delà de leur revêtement d’origine.
Les stars de l’Exposition universelle de 1867
Revêtement original et alternatif aux coûteux matériaux comme la pierre, le marbre ou le granit, les carreaux de ciment, ou carreau-mosaïque, furent inventés par Étienne Larmande, entrepreneur français de travaux publics, qui en déposa un brevet d’invention en 1851.
Présentés pour la première fois au grand public lors de l’Exposition universelle de 1867 à Paris, par l’entreprise barcelonaise Garret, Rivet & Cie, leurs motifs ancrés dans l’esthétique artistique de leur époque conquirent immédiatement leur clientèle. Un véritable succès qui gagna bientôt tous les continents où la France avait des colonies.
Des motifs entre Art nouveau…
En effet, les carreaux de ciment ont su concilier à merveille deux courants artistiques que tout oppose et que l’on confond souvent : l’Art nouveau et l’Art déco.
Ainsi, on retrouve dans leurs motifs ondoyants tout « l’art de la belle époque ». Cet Art nouveau de la fin du XIXe siècle et du début XXe naquit en réaction à la prééminence de la révolution industrielle sur la nature. De ce refus de la société d’alors, cet art conçut et développa un art de l’émotion par des motifs toujours marqués par des formes voluptueuses, faites d’enchevêtrements, où l’esthétique des courbes et des asymétries puisent leur inspiration dans l’art floral et l’ornementation.
… et Art Déco
Qualifié d’« art nouille » par de nouveaux artistes qui défendaient un propos direct et droit, l’Art nouveau laissa donc la place à l’Art déco, « l’art des années folles », l’art qui vit son apogée lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925. Ici, nulle circonvolution. Car l’art du modernisme repose avant tout sur celui de sublimer une luxueuse sobriété à travers l’emploi des formes géométriques et des matériaux nobles. Et si, peu à peu, avec la crise de 1929, le plastique devint la matière de prédilection de l’Art déco, marquant ainsi la naissance du design, ce mouvement n’abandonnera jamais son désir de formes épurées, stylisées par des angles, des cercles, des pans coupés, des octogones… motifs que l’on retrouve dans les carreaux de ciment.
Une fusion réussie des tendances
Les carreaux de ciment ont donc vraiment réussi la fusion de ces deux styles qui étaient loin d’être irréconciliables… Ils sont même parvenus à les exporter sur d’autres matières, d’autres revêtements, comme autrefois ces deux arts avaient su gagner tant d’autres domaines : la ferronnerie, le design, la mode… Est-ce ce qui explique l’engouement qu’il rencontre actuellement après une période de franc désamour ? Très certainement.

Des motifs qui s’accordent à toutes les matières
Car, si jadis la complexité des motifs des carreaux de ciment ne favorisait qu’une application sur les revêtements de sols, les techniques actuelles permettent de les reproduire sur de très nombreuses matières : textile, simili cuir, gerflex…
Ainsi il n’est pas rare de voir des coussins, des tapis en polypropylène, des adhésifs arborant fièrement volutes et losanges dans des camaïeux de couleurs toniques ou douces, mais toujours ultras contemporains, véritables signes extérieurs des intérieurs les plus « trendys ».
Et, les idées des designers et décorateurs d’intérieur n’en finissent pas de se jouer de leurs motifs stylisés pour réinventer sans cesse des atmosphères cocooning ou vitaminées qui donnent du peps à notre quotidien si industrialisé…